Colloque «La Hongrie et ses voisins». Troisième journée. Matin —11 heures, Monastere de La Salette, France
Intervention de Dan Culcer
Nous continuons notre progrès vers en matière de réflexion sur la réconciliation entre la Hongrie et ses voisins et nous tournons vers le sud de l’actuelle Hongrie et allons entendre Dan Culcer sur les Roumains et les Hongrois.
Motto : Les gens, comme les nations, agirons d'une manière rationnelle seulement quand les autres possibilités seront épuisées.
« Je suis devant une difficulté : les citations que j’ai choisies sont dans trois langues, je serai obligé de traduire à la volée. Je simplifierais le texte de mon intervention et tout en essayant de maintenir les nuances.
Je dédie cette intervention à mes parents et à une certaine Anna-néni (née Szabo) dont malheureusement je sais très peu sur la vie et qui m‘a appris à parler hongrois. Elle venait de Dunantul de l’autre côte du Danube. Elle s’est trouvée pendant la guerre en Transylvanie et qui, après 1945, y est restée car elle a perdu son mari et s’est retrouvée seule. Elle a vécu chez nous avec mes parents elle a été enterrée à Cluj, comme membre de notre famille. Elle ne parlait pas roumain. Elle s'occupa de moi quand j’étais petit, elle me parlé donc en hongrois et c'est ainsi que je suis devenu bilingue.
Je me souviens d’une anecdote que mes parents me racontaient, de ma confusion avec le mot oroszlan et oroslany, de lion et de fille russe, car voir une fille russe n’était pas courant en Roumanie, mais par contre les soldats russes étaient présents en abondance à cette époque.
J’utilise comme point de départ une citation d’Ortega y Gasset qui, dans un livre publié aussi en roumain, fait l’analyse des rapports entre l’Europe et l’idée de nation. Le livre est une sélection d’une série de textes, initialement présentés sous forme de conférences qu’il a tenus pendant son exil en Europe et qui n’ont été rassemblés que très tard, après la mort de l’auteur.
La première citation concerne une critique pertinente de la conception de société comme contrat social, critique de Jean-Jacques Rousseau. Il pensait que la plus grave erreur de la pensée moderne était de confondre la société avec l’association, ce qui fait que l’on transforme le concept de société en quelque chose de juridique. Si on pense à ce que l’idée d’Europe contient comme aspects juridiques on verra que cette idée fonctionne encore et que la construction d’une société européenne et qui part de l’hypothèse qu’on peut construire le cadre juridique avant que la société soit construite parait du point de vue de l’analyse critique comme une hérésie. Il faut que la société pensait-il et je le pense avec lui soit existante pour qu’elle s’exprime juridiquement et pas l’inverse.
Une autre citation de l’auteur concerne l’époque de l’information, la densification du message informationnel dans l’époque moderne : la distance entre les nations et les communautés sous le bombardement informationnel s’est amoindrie. Par conséquent des sociétés ou communautés qui vivaient à une certaine distance par rapport aux autres et s’acceptaient dans ce contexte sans l’impression de violence par rapport à l’autre ont devenues plus violentes et plus sensibles à violence de l’autre (je parle de la violence du bombardement des informations) dans cette direction. Il considère que l’intervention des opinions publiques des pays en voisinage dans les affaires d’un autre pays peut intensifier la violence.
Les opinions publiques se construisent sur des informations très partielles avec une part d’imaginaire trop grand pour que l’information soit critique, donc rationnellement analysée et l’effet irrationnel dans la construction de l’opinion publique dans un pays X est trop grand pour qu’elle puisse construire image correcte, pour savoir ce qui se passe dans un pays voisin. Ces effets de masse influenceront à mon avis l’ensemble des relations politico-économiques et symboliques des pays européens pour ne parler que de cette zone.
Concernant l’apparition d’une géopolitique que j’ose appeler de l’eau, dans les conditions d’une relation entre pays européens, ce n’est pas une évidence. Il y a d’autres zones du monde dans lesquelles la question de l’eau est plus dramatique. Cela se voit dans les relations entre Israël et ses voisins et l’obligation et les intérêts vitaux d’Israël de conquérir certains territoires pour s’assurer de son approvisionnement en eau.
En Europe on a beaucoup d’eau sauf que les trajets des rivières fonctionnent comme des artères dans l’organisme. Je prends cette métaphore en disant que les réseaux transportent aussi les toxiques de l’organisme.
Pour vous rappeler l’histoire récente entre la Hongrie et ses voisins, principalement la Roumanie mais aussi la Tchèque, la question de la construction du barrage sur le Danube et des poisons déversés sur le territoire hongrois à partir des rivières dans les zones minières comme Baia-Mare au nord et maintenant le danger plus grand de l’exploitation de l’or dans les Carpates de l’ouest, où l’utilisation d’une technologie obsolète et incontrôlable sous l’aspect écologique a donné l’occasion de protestations de la Hongrie car ça abîmait la vie sur des km avec des effets sur le Danube. Il y a eu un effet de boomerang : la Roumanie a pollué (pas le pays, mais une entreprise roumaine) mais une entreprise qui a dépassé les bornes de l’activité économique propre, elle a produit la pollution mais l’a subie également puisque le Danube revient sur le territoire roumain. Je veux souligner avec cette métaphore que l’interdépendance entre les pays est plus grande que jamais. Si on veut développer des relations de bon voisinage il faut tenir compte de l’existence de tous les réseaux (eau, routes, effets climatiques, forêts), phénomènes dont on parle et qui doivent être inscrits dans notre discussion. On doit en tenir compte pour analyser les relations entre pays.
Les ressources les deux pays sont liées : les forêts et l’eau. Ici on doit parler aussi des ressources du sous-sol. La Hongrie et la Roumanie ont en commun des ressources. La Hongrie en a perdu en perdant la Transylvanie. Il y a deux possibilités : soit la Hongrie continue à penser qu’elle peut les récupérer par la force, soit on trouve, du point de vue hongrois, la méthode pour qu’une partie des ressources soit partagée, avec une exploitation en commun. C’est peut-être la solution. Si on suppose que chacun des deux fasse des efforts pour obtenir des financements de la part de la Communauté européenne ou par l’installation d’entreprises du genre de celle qui s’installe à Roșia Montana pour exploiter l’or, cela produira des dommages pour les deux pays. Parce que la Roumanie vend ses ressources sans perspectives économiquement intéressantes pour elle-même et parce que la Hongrie va subir les effets sans pouvoir agir. Car ce n’est pas l’état roumain qui est responsable de la pollution prévisible avec des cyanure ; c’est une entreprise internationale qui pollue et on sait que ces entreprises ont les moyens de contourner la loi et les conséquences juridiques;
On est dans le vif du sujet : l’interdépendance demande le réapprentissage de la collaboration. Dans d’autres domaines, il y a des siècles elles existaient. On devrait parler des guerres où des Sicules et des Moldaves avaient des armées en commun ; Il y a eu des alliances qui ont agi contre les forces des empires autour de nous. En 1848 des émigrants hongroi, suite à la défaite de la révolution de 1848 ont essayées de trouver une base arrière dans le territoire moldave, vers 1856 pour oraniser la résistance, résister et agir sur leur territoire en Transylvanie et en Hongrie et se débarrasser de la pression autrichienne.
Ce sont des moments qui étaient des échecs, puisque c’était la Confédération danubienne un des sujets d’actualité à l’époque, mais en appuyant notre démarche solidaire sur des exemples de ce type, on peut tirer des leçons sur les causes des échecs. car on peut analyser les échecs pour agir dans le futur.
Je pense que ces journées où nous sommes rassemblés vont trop accentuer l’aspect passéiste : la gloire perdue de la Hongrie. C’est historiquement compréhensible pour ceux qui le pensent et même pour moi, en tant que non-Hongrois. Mais puisque notre but est de trouver des solutions et pas nous plaindre ; il faudra de avancer autrement. Si dans ce contexte je commence en tant que roumain, je peux citer des moments dramatiques en tant que la perte de la Transylvanie, de la moitié de l'Olténie, de la Moldavie. Mais ça ne règle rien, car on ne peut modifier le passé. On n’est pas dans la science-fiction : ce n'ai pas trop compliqué de réécrire le passé, en faisant de la littérature, en pensant que quelque chose de très petit a été modifié par l’intervention de quelqu’un du futur. Mais l'histoire ne va pas à reculons.
On peut analyser les échecs mais pas modifier situation.
J’avais pensé, en termes d’uchronie, à étudier l’hypothèse si pour la Hongrie, en tant qu’entité politique, le dualisme austro-hongrois n’était plutôt négatif. Ce qui paraissait une bonne solution à l’époque, je me pose la question si c’était la bonne solution. C’est une question rhétorique.
Je continue mes hypothèses écologico-politiques. J’attire votre attention sur une région européenne, une “eurorégion” qui a été proposée et définie ; mais pas activée, car nous sommes à la limite d’un projet raté mais pas tout à fait raté car on a envisagé de faire mais on n’a encore rien fait. Il s’agit d’une région des Carpates, qui va de la Yougoslavie jusqu’en Slovaquie ou Tchèque. Elle a une forme de faucille (il n’y a pas de marteau) a quelque chose réel en commun : habitée par des montagnards entre les Sicules et les Slovaques et les Motz/Moț (ceux Carpates de l’Ouest) et les autres populations au long de ce relief il y a quelque chose de commun, plus commun que l’ethnie. Si on part de l’hypothèse qu’ils peuvent parler entre eux (pas forcément l’anglais), on peut envisager une capacité d’utiliser cette forme de relief comme sorte de base commune comme grand projet. Quel grand projet ? celui de refaire le fonctionnement naturel des montagnes et des forêts. Voila un grand projet qui peut être utilisé pour nous rassembler au lieu de nous diviser. C’est l’intérêt de nous tous que ces montagnes soient en bonne santé. De cette santé des montagnes dépend la santé des plaines
Donc, l’état hongrois qui touche cette ligne peut collaborer avec la Roumanie, avec la Slovaquie et d’autres contrées de l’Europe avec lesquelles maintenant on pense qu’elle est en conflit pour des raisons historiques ou actuelles pour résoudre un problème concernant tout le monde étant très important.
Dans ce cadre je me permets de dire que la question de l’autonomie des contrées des Sicules prend une autre dimension. Je veux parler de quelques aspects anecdotiques pour montrer l’interdépendance.
En 45, quelques mois après la guerre, les frontières étaient encore floues mais les besoins étaient les mêmes qu’anciennement : par exemple le nord de la Hongrie avait besoin de sel et il y a eu un grand commerce transfrontalier entre la Transylvanie vers la Hongrie en occultant les douanes. La même chose s’est passée plus récemment entre la Yougoslavie et la Roumanie lorsque la Yougoslavie et les restes de la Yougoslavie subissaient un grand blocage au niveau des ressources énergétiques avec le pétrole. Certains Roumains et même l’état roumain ont contourné les décisions de blocage pour obtenir, pour les privés des petits revenus supplémentaires et l’état aussi pour les mêmes raisons, et à l’époque de Ceaușescu un barrage a été construit à Turnu Severin et des Roumains ont fait des fortunes en vendant des blocs de sel aux paysans serbes qui en avaient besoin pour leurs vaches.
Si certains se croient futés en supposant qu’ils peuvent toujours tromper l’autre, ils se trompent eux-mêmes. Car il y a un moment ou un autre du temps récent, chaque tromperie ou essai de tromperie se retournera contre nous.
Le passé lourd entre Roumanie et Hongrie est plein de cadavres. Les Hongrois ont tué des Roumains et les Roumains ont tué des Hongrois, pas seulement dans un cadre organisé c’est-à-dire dans les guerres. En dehors de ça des moments de flottement des moments de vengeances ou des moments de crimes pour des raisons économiques ou tout simplement relationnelles à l’intérieur des communautés. Mais globalement par rapport à ces moments de crise, toute personne qui connaît l’histoire, roumain ou hongrois doit savoir et sait qu’il y a eu des siècles où il n’y a pas eu de crimes. La dominante de notre relation est une relation de coexistence – je ne veux pas utiliser l’expression de coexistence pacifique, mais les communautés vivaient normalement en sachant qu’elles dépendaient l’une de l’autre. Dans les moments de crise et où des politiciens ; plus ou moins populistes et démagogues veulent inciter leur électorat à voter pour eux ; certains de ces crimes sont sortis du placard et mis au premier plan. J’ai vu par exemple des brochures qui ont été imprimées en Transylvanie par l’union démocrate des Magyars de Roumanie qui n’ont pas été diffusés mais comme j’ai des relations parmi les Hongrois j’ai réussi à en obtenir un exemplaire. Un ami hongrois m’a dit je ne suis pas d’accord avec ce que M. Marcu (ou je ne sais pas qui qui était le responsable) a fait je te montre, et il m'a donné un exemplaire. C’est la première fois que j’en parle devant quelqu'un mais je le dis pour montrer il y toujours quelque'un qui essaie de maintenir une sorte de chantage quelque part en disant au cas où on va le sortir.
Je pourrais vous raconter des scène auxquels j’ai participé directement à Vatra, la revue où j’étais rédacteur, à Tîrgu Mures. Un officier de police (la milice) est venu nous proposer un dossier important en volume sur les événements du nord de la Transylvanie, de Maramureø avec les quelques dizaines de paysans roumains qui ont été tués en tant que déserteurs de l’armée hongroise des détachements de travail et dont une bonne partie parmi eux dans les derniers jours guerre ; c’étaient des paysans du département de Mureș
Le dossier a été publié par la rédaction et j’assume cette responsabilité sans être le décideur. J’assume pour la raison suivante : l’histoire jusqu’à la date de la publication de ce volume parlait des événements comme étant l’action de l’armée hongroise contre des partisans soviétiques. Cette légende était diffusée après la guerre et longtemps maintenue y compris sur les monuments qui ont gardé le souvenir parce que c’était intéressant pour les Russes car la Russie avait l’intention d’englober le Maramureø dans l’Ukraine. Or cette légende était courante, un peu nationalisée dans les années Ceausescu mais c’étaient des partisans des résistants… Pas du tout c’étaient roumains employés en tant que soldats dans l’armée hongroise et qui en entendant que la Roumanie a changé de politique après le 23 août 1944 se sont dit que la guerre était finie et se sont tirés. Arrêtés dans la forêt, condamnés un peu vite sans les formes mais condamnés très vite à mort pour désertion. Ils ont été fusillés. Ils ont terminé leur vie dans quelque maison paysanne abandonnée, mitraillés par les fenêtres par les soldats hongrois.
De ce point de vue j’assume la publication car c’était pour corriger une vision. Mais Le résultat a été compliqué : au même moment je travaillais avec deux amis, Péter Zirkuli et un autre ami, Borsi Kalman Béla, une anthologie de l’essai roumain en attente de publication chez un éditeur à Budapest qui s’appelait Europa. Eh bien, le rédacteur de Europa a décidé d’arrêter le projet car il a entendu dire que j’étais coresponsable de l’édition de ce bouquin et j’ai été puni ainsi car j’ai osé être membre de la rédaction.
De l’autre coté j’avais un projet aux éditions Univers de Bucarest pour la traduction de quelque chose qui n’est jamais sorti mais que j’espère publier avant ma mort, les essais de Németh László ; J’ai traduit environ 400 pages, l'essentiel de son œuvre d'essayiste important, sous le titre d’un des textes de Németh László : “Homo experimentator”.
Le volume a été accepté en principe, j’ai terminé le travail et je l’ai déposé chez l'éditeur, la maison Univers de Bucarest. Étant donné que les relations avec la Hongrie avaient empiré, à la fin du règne de Ceaușescu (avant 1987), la maison d’édition roumaine m’a adressé une courte lettre pour me communiquer que le contrat était annulé, car le texte ne correspondait pas du point de vue idéologique.
Voici le rôle et la situation de ce qu'on appelle un intermédiaire, quelqu'un qui essaie de construire des ponts, des relations entre des anciens, des présents et de futurs ennemis potentiels. Il existe un mot en roumain « dragoman », probablement d’origine slave ou turque, qui désignait la fonction de traducteur interprète auprès du sultan turc. Beaucoup de Roumains étaient dragoman et beaucoup de Grecs étaient dragoman. Fanariote ou autres. La fonction avait des avantages et des inconvénients : l’avantage c’est que en tant que médiateur le dragoman possédait pas mal de secrets et pouvait les négocier et il pouvait construire des carrières. Pas mal de dragoman sont devenus des personnages importants. ds politique étrangère de l’empire ottoman. Quelquefois cela pesait trop sur ses épaules et il perdait sa tête. C’est une fonction ambiguë. Je pense que la plupart des intermédiaires se trouvent dans cette situation même s’ils échappent à des punitions de ce type. J’assume cette fonction sachant qu’elle n’est pas commode. Les Roumains disent avoir le cul entre 2 bacs. On peut tomber entre les 2. Mais C’est possible, mais en même temps c’est intéressant et passionnant et pour moi c’est un destin.
Je reviens à la fonction de dragoman pour dire que parmi ceux qui sont bilingues ou trilingues par le destin par leur histoire sont par la force des choses dans cette situation et peuvent avoir un grand rôle dans la vie relationnelle des communautés.
J’avais promis de faire quelques propositions sur les sources possibles de l’entente et de la collaboration. Je dois dépasser les questions démographiques. J’avais sélectionné des statistiques modifiées et manipulés des études démographiques des deux côtés, puisqu’une des armes utilisées est les statistques démographiques. Sujet trop vaste.
Je veux évoquer la question de la sociologie des groupes. Si on ignore, au niveau de la communauté, le fait qu’elle n’est pas un seul groupe mais une somme de groupes, notre analyse sera fausse. Il n’y a pas de communauté unitaire. La communauté hongroise est représentée à ‘heure actuelle par au moins trois courants sinon plus qui s’influencent, se passe la main, certaines radicalisations produisent l’obligation l’autre groupe à se radicaliser pour rester au pouvoir. Ne restons pas avec cette image idéale d'une communauté ethnique unitaire, avec buts clairs même si le film peut donner l’impression que la communauté se trouve sous la bannière d'un leader dans le même effort d’obtention des droits collectifs. C’est un leurre si on veut résoudre les tensions il ne faut pas aller dans ce sens.
Je déclare que j’étais un peu heureux de voir que vous avez cette idée en toute que communauté et capables de la montrer come ça la comm roumaine est ds fragmentation de plus en plus dense. Cela peut changer les relations qui ne sont jamais stables.
J'ai trouvé sur une affiche une inscription laisse-la par un philosophe anonyme du métro parisien, une phrase qui ma plut. Le métro est source de pensées extraordinaires et les gens s'expriment comme les chinois sur les dazibaos : « Le futur triomphe mais nous n’avons pas d’avenir. »
Ça me parait très profond même si c’est très difficile à traduire en roumain car il n’y a pas deux termes pour le futur et l’avenir. Jeu de mots impossible en roumain.
Essayons voir si on peut avoir un avenir, ensemble.
Un projet précis peut ou non construire un réel multilinguisme en Roumanie, pas en Transylvanie. Pourquoi je parle de multilinguisme ? L’intervention d’un dragoman qui est l'intermédiaire, l’anglais, est une occasion pour le dragoman de nous tenir dans ses mains. ce n’est pas la bonne solution. Le contact direct nuancé ne peut se faire que si on est les connaisseurs nuancés de la langue de l’autre. Si j’arrive à m’entretenir avec mon ami pierre alias Péter c’est que je connais tout bien que mal sa langue On parle soit en roumain soit en hongrois. Il me force de parler roumain car il veut exercer ses connaissances. Je connais suffisamment bien et je suis capable si je veux de parler avec l’accent de Dunantul comme mon Anna-néni m'a appris et je l’ai fait un jour à Budapest dans une société hongroise et j’ai commencé à parler comme eux. Ils m’ont dit vous êtes de Dunantul ; mon frère. Non ; je suis que roumain, et je reste.
Revenons au projet de plurilinguisme. La Roumanie comme vous le savez et comme la communauté hongroise et les idéologues de la communauté le déclarent est un état «multinational». Qu’est-ce qu’on fait avec cet état ? On le divise en multinationalités pour faire des petits territoires qui n’ont plus rien à voir avec l’état qui existe ou on le garde pour faire quelque chose ?
Est-ce-que l’intérêt de la Hongrie, par exemple, est d’avoir à coté, comme voisins, de petits ducats qui parlent ruthène, bulgare, schwabe, tatare, turc… il s’agit de minorités et si on descend l'échelle des autonomies successives tout limite disparaît et même la communauté tatare du sud de Bessarabie peut demander son autonomie, pourquoi pas. Et les «lipoveni» du Delta du Danube aussi?
Personne ne peut déterminer le niveau de population sauf si on discute au niveau de la communauté européenne, que ce sont ceux qui dépassent 50 000 par ex.
En Roumanie les gens des montagnes entre la Bulgarie et la Grèce, qui parlent un dialecte de la langue roumaine, se déclaraient roumains. Maintenant ; depuis quatre ou cinq ans ils ont des intérêts divergents ; car ils pensent pouvoir avoir des aides de Bruxelles et on a une minorité active qui se déclare en tant que Aroumains, Vlaques.
La Roumanie étant un pays, d'après certains, multinationale, les régions devraient avoir des systèmes de scolarisation et apprentissage des langues du « voisinages intérieurs » (expression que je propose pour les communautés à l'intérieur d'un état) de manière organisée ss qu’au niveau central on impose. Cette possibilité devrait être utilisée. Si les gens sont intelligents. S’ils ne sont pas intelligents, c’est leur problème.
Restons-en là.
Dan CULCER, journaliste roumain, écrivain, traducteur
juillet 2009, La Salette
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